lundi 10 juillet 2017

Quand le chat de gouttière s'invite sur le blog [9] : Lire Lolita à Téhéran


Titre: Lire Lolita à Téhéran 
Auteur: Azar Nafisi
Maison d'édition: 10 x 18
Année d'édition: 2005
Nombre de pages: 387 pages
Prix: 9,60€


L’Iran n’a pas malheureusement bonne presse dans nos contrées. Les clichés les plus tenaces nourrissent son image négative. L’auteur de ce livre ne vous donnera pas tort et démontera d’autres clichés tenaces sur la femme voilée et les pays de confession musulmane.

Quelques mots sur l’auteur
Nationalité : Iran
Né(e) à : Téhéran , le 01/12/1955
Biographie :
Azar Nafisi est née à Téhéran. Elle quitte son pays à l'âge de treize ans pour continuer ses études d'abord en Europe, puis aux États-Unis. À l'Université, elle se range aux côtés de l'Union des Étudiants Iraniens contre le régime du Shah. Elle étudie Marx et les plus grands théoriciens de la gauche et se plonge dans la lecture passionnée d'auteurs tels que Nabokov et Fitzgerald. En 1979, un an après la révolution de Khomeini, elle retourne en Iran où elle travaille comme assistante dans le département d'anglais de l'Université de Téhéran, mais en 1981, elle est expulsée pour avoir refusé de porter le voile islamique devenu obligatoire.
Elle recommence à enseigner en 1987 en qualité de professeur associé auprès de la Free Islamic University et dans la Allamenh-Tabatabaii de Téhéran, en se distinguant toujours pour ses idées libérales, qu'elle met en avant malgré le climat de forte répression politique. En 1994, un an avant d'abandonner la vie académique en Iran, elle publie un livre consacré à l'écrivain Vladimir Nabokov: Anti Terra. A Critical Study of Vladimir Nabokov's Novels.
Aujourd'hui, Azar Nafisi vit à Washington avec son mari et ses enfants. Elle est professeur de littérature anglaise à la John Hopkins University de Baltimore et collabore avec quelques-uns des plus importants journaux américains.
(Sources : https://www.babelio.com/auteur/Azar-Nafisi/26187, le 06/06/2017, modifié le 04/07/2017)


Après avoir dû démissionner de l'Université de Téhéran sous la pression des autorités iraniennes, Azar Nafisi a réuni chez elle clandestinement pendant près de deux ans sept de ses étudiantes pour découvrir de grandes œuvres de la littérature occidentale. Certaines de ces jeunes filles étaient issues de familles conservatrices et religieuses, d'autres venaient de milieux progressistes et laïcs ; plusieurs avaient même fait de la prison. Cette expérience unique leur a permis à toutes, grâce à la lecture de Lolita de Nabokov ou de Gatsby le Magnifique de Scott Fitzgerald, de remettre en question la situation " révolutionnaire " de leur pays et de mesurer la primauté de l'imagination sur la privation de liberté. Ce livre magnifique, souvent poignant, est le portrait brut et déchirant de la révolution islamique en Iran.


Ce livre a été écrit aux Etats-Unis. C’est dans la langue de l’exil que l’auteur nous raconte son histoire. Si vous avez lu les éléments biographiques, vous comprenez que le choix de la langue n’est pas anodin. En effet Azar Nafisi était professeur de littérature anglaise, à l’université de Tabatabaï qui compte parmi les universités prestigieuses et nombreuses du pays. Elle nous conte l’expérience qu’elle a menée suite à sa démission de l’université. Elle propose un séminaire littéraire chez elle et elle choisit les meilleurs élèves. Il n’y aura que des filles, le seul garçon intéressé, pour des raisons de sécurité, viendra un autre jour.

Les auteurs dont elle parle sont Nabokov, James, Fitzgerald et Austen. S’il s’agissait de simples cours de littérature anglaise, je vous dirais de ne pas ouvrir le livre et d’aller à l’original, les cours de Nabokov, édités intégralement sous le titre Littérature, chez Laffont. Or ici, il s’agit de les lire en Iran, pays où sa grand-mère se promenait non voilée et avait choisi son mari, pays qui passe de temps plus répressifs à des temps plus souples, mais où le goût pour la littérature est inextinguible. On apprend que des auteurs étrangers sont venus donner des conférences, dans ces moments de « souplesse », comme V.S. Naipaul, prix Nobel de littérature en 2001, auteur d’ouvrages critiques sur l’islam et sujet à polémique.
L’expérience prendra fin, je ne vous dirai pas comment et vous laisse le découvrir. 

Le livre est beau  parce qu’il démonte l’idée que la littérature ne sert à rien. Oui, elle sert, elle sert à vivre quand tout autour n’est que répression et l’auteur nous le dit tout au long des 387 pages. Lire Lolita à Téhéran éclaire sur la réalité du pays et sur la richesse du peuple iranien.

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