dimanche 29 janvier 2017

La fille du papillon - Un journal intime lyrique et touchant


Titre: La fille du papillon
Auteur: Anne Mulpas
Maison d'édition: Sarbacane
Année d'édition: 2012
Nombre de pages: 197 pages
Prix: 15€




 

" J'attendais que le ciel s'ouvre, qu'il m'avale, qu'il m'engloutisse, qu'il me mâche le lentement sous ses grandes dents d'acier. Mais la nuit était douce, désespérément douce et le ciel fermait sa gueule avec obstination. Pas moyen de disparaître. En attendant, je taillais mes crayons."
Et voilà comment Solveig a décidé de débuter un journal intime. Mais attention : le " girly ", les ragots et les jérémiades, c'est pas son style. Alors, pourquoi s'y mettre ? Entre autres choses, à cause d'un garçon si spécial qu'elle l'a surnommé " le Monde ", de son père, veuf et volage - papillon, donc ; de son amitié trouble avec la Ni... Non, Solveig ne manque pas de bonnes raisons de commencer un journal... ni de fantaisie pour le remplir !





Mon dieu que ce livre était beau, qu'il était touchant et qu'il était original ! Je l'ai lu en 3 heures et je suis passée par toutes les émotions avec Solveig, notre héroïne de 16 ans, terriblement attachante et mal dans sa peau.
Elle a perdu sa maman très jeune et vit avec son père tantôt absent, tantôt présent qui la laisse seule face à sa vie d'ado meurtrie et à son manque, son deuil. 
On suit donc la jeune fille tout au long de son journal rédigé à l'ordinateur, on suit sa chute dans ce monde qui, comme elle le dit elle même, n'est pas le sien, tellement elle se sent différente et incomprise. De conneries en conneries on la voit perdre pied, se perdre elle-même, ses proches... Sa vie ne va plus aller comme elle le souhaitait. Elle va devenir "rebelle", arrogante et égoïste, impatiente. Elle veut tout, tout de suite, elle a besoin que l'on s'occupe d'elle, que quelqu'un lui dise qu'il l'a comprenne et que ça va aller, que c'est juste une étape difficile l'adolescence. 
J'ai eu mal avec elle, j'ai ressenti son manque face à sa mère, son manque de repères, j'ai ressenti la panique du père qui ne sait plus quoi faire et qui tente d'instaurer des règles, sans doute trop tardivement. J'ai ressenti son deuil, jamais achevé. Celui qui te transperce le cœur sans prévenir, qui arrive à n'importe quel moment et qui te fait sombrer.
J'ai adoré partager la vie de Solveig, tellement elle est vraie, joyeuse, égoïste, impatiente, amoureuse, elle a quelque chose qui nous rattache à elle. En fait, elle nous ressemble ! Souvenez-vous ! A son âge, nous découvrions le monde, nous ne comprenions pas tout de suite notre place, nous cherchions et nous nous sommes perdus souvent.


Le style m'a un peu étonnée. Je trouvais étrange qu'une ado écrive ainsi (même si elle est hyper douée en français), que les phrases étaient complexes et que du coup, ça sonnait faux...  Puis, je ne sais comment, la magie a opéré et je me suis retrouvée à chercher les métaphores dans ses phrases, ses pensées, à aimer ce lyrisme qui me faisait tant peur et à en redemander. 
C'est à ce moment là que j'ai compris ! Le texte me semblait alambiqué car il reflétait la personnalité de Solveig. Il était vif, brut et doux à la fois, en ébullition constante, tout comme elle.
Ce flux de mots est comme une mer déchaînée, il va doucement au début, commence à s'énerver au milieu, se déchaîne à la fin pour finir par s'apaiser, de même que Solveig, dont la vie reprend le bon cap. C'était un raz de marée émotionnel.


Le style est juste parfait et j'aimerais vraiment connaître la vie de Solveig grâce à un second tome, savoir ce qu'elle est devenue, comment se passe sa vie avec son père et si l'amitié avec Manon est toujours vivante?

En ce moment je suis heureuse, heureuse de tomber sur de bons bouquins grâce au hasard. Ces quinze jours écoulés ne m'ont apporté que du baume au cœur et ça fait du bien au moral.



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