lundi 17 juillet 2017

Quand le chat de gouttière s'invite sur le blog [10] : Les choses

Titre: Les choses
Auteur: Georges Perec
Maison d'édition: Pocket
Année d'édition: 2006
Nombre de pages: 160 pages
Prix: 5,95€


Georges Perec vient d’entrer dans la Pléiade. L’occasion toute trouvée pour se plonger dans ses œuvres.

Quelques mots sur l’auteur

Georges Perec naît à Paris de parents juifs polonais, tous deux décédés durant la Seconde Guerre mondiale : son père au front en 1940, sa mère déportée à Auschwitz en 1942. Georges Perec passera son enfance entre Paris et les deux V entrelacés de W ou le Souvenir d’enfance, Villard-de-Lans et Lans-en-Vercors. Après des études de lettres, où il rencontre Marcel Bénabou, il devient documentaliste au CNRS (Centre National de la Recherche Scientifique) et publie ses premiers articles dans Partisans. Il publie son premier roman, Les Choses, en 1965. Ce roman est couronné par le prix Renaudot. En 1966, il publie un bref récit truffé d’inventions verbales, Quel petit vélo à guidon chromé au fond de la cour ?, et entre l’année suivante à l’Oulipo (Ouvrage de Littérature Potentiel), dont il devient l’une des figures majeures. Il expérimente toutes sortes de contraintes formelles : La Disparition (1969) est un roman écrit sans la lettre e (lipogramme) ; Les Revenentes (1972), où la seule voyelle admise est le e. Son roman le plus ambitieux, La Vie mode d’emploi (prix Médicis 1978), est construit comme une succession d’histoires combinées à la manière des pièces d’un puzzle, et multiplie les contraintes narratives et sémantiques. L’œuvre de Perec s’articule, semble-t-il, autour de trois champs différents : le quotidien, l’autobiographie, le goût des histoires. Le jeu est toujours présent, tout comme la quête identitaire, et l’angoisse de la disparition.
(Source : http://oulipo.net/fr/oulipiens/gp, le 08/06/2017, modifié le 05/07/2017)


Il y a cinquante ans paraissait le premier roman de Georges Perec, Les Choses. Un chef-d'oeuvre qui n'a rien perdu de sa modernité et dont les Éditions Julliard réimpriment l'intégralité sous la charte graphique de sa collection littéraire originale.
En 1965 paraît le premier roman d'un inconnu, Georges Perec, dont le titre et le sous-titre sont déjà tout un programme : Les Choses, une histoire des années 60. Maurice Nadeau, directeur des « Lettres nouvelles » chez Julliard, savait-il qu'il venait de découvrir là l'un des auteurs français les plus importants de la seconde moitié du XXe siècle ? La même année, le livre reçoit le prix Renaudot et il n'a cessé, depuis cinquante ans, d'être lu et relu, s'imposant comme un classique.
Deux jeunes gens, Sylvie et Jérôme, à peine sortis de leurs études de sociologie, vivent sur leurs maigres revenus d'enquêteurs pour des agences publicitaires. Mais leurs aspirations au luxe, aux belles choses, aux vêtements de bonne finition, aux meubles racés, à une vie d'oisiveté dans un décor ou chaque détail serait pensé, s'opposent à la trivialité de leur vie réelle : un minuscule deux-pièces ou s'entassent pêle-mêle livres, disques et vêtements achetés aux puces, un métier peu reluisant, une incapacité à donner de l'envergure à leur existence. Pourquoi le bonheur leur semble-t-il aussi inaccessible ? Est-ce parce qu'il ne peut échapper, selon eux, à la condition de posséder des « choses » ?


On s’imagine que notre époque est une époque matérialiste, que l’on y cherche de manière inextinguible à posséder, que la source des choses est intarissable et le bonheur à portée de main. Détrompez-vous, l’idée n’a rien d’actuelle. Perec le pensait et cela lui a valu un prix littéraire en 1965 (Prix Renaudot) avec Les Choses.

Jérôme et Sylvie, un couple habitant Paris, veut vivre bien. Il leur faut posséder, si seulement ils étaient riches !! Nous les suivons dans leur recherche du bonheur. Ils achètent tous les objets de marque, bien cotés, bien réputés, ils font un métier stupide, psychosociologue, travail qui consiste à réaliser et mener des enquêtes de satisfaction dans les quatre coins de France. Ne nous moquons pas, ce sont bel et bien les métiers d’avenir, pensons à l’importance des sociétés de com’ actuelles ! A travers cette accumulation de choses, ils n’atteignent pas la fameuse étoile, chantée par Brel. Le Bonheur ne pointe pas son nez et on continue à acheter.
On ressort du livre tristes comme ce jeune couple, on regarde autour de soi et malgré le « à quoi bon », on se demande : « comment faire autrement ? »

Si Perec dénonce ce cumul de biens comme une vaine recherche du bonheur, il écrira dix ans plus tard, La vie mode d’emploi, un gros roman composé de listes de tout et n’importe quoi.

Dernière facétie de l’auteur dans Les Choses, la citation à la fin de Marx (philosophe allemand, auteur du célèbre Capital, comme si tout son roman était une illustration de la phrase : « Le moyen fait partie de la vérité, aussi bien que le résultat. Il faut que la recherche de la vérité soit elle-même vraie, la recherche vraie c’est la vérité déployée dont les membres épars se réunissent dans le résultat ».
À méditer.

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