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Titre: Des vies de papier
Auteur: Rabih Alameddine
Maison d'édition: Les Escales
Année d'édition: 2016
Nombre de pages: 304 pages
Prix: 20,90€
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Hello les Chatons. Tout
baigne ? Je vous imagine les orteils en éventail dans votre jardin,
sirotant une boisson bien fraîche ? Comme je vous comprends. On ne veut pas
beaucoup se bouger dans ces conditions. Alors voici un livre de la situation.
Un livre qui en comprend plein d’autres. Attention, à la fin du roman, vous
allez vous précipiter chez votre libraire et vous ruiner en achat de livres. Ceci
dit, les bibliothèques existent (bruit du chat qui siffle). Allez, venez, je
vous emmène au Liban …
Mais d’abord petit détour
biographique, histoire de planter le décor.
Rabih Alameddine est né à
Amman en Jordanie de parents libanais, a grandi au Koweït et au Liban et a
étudié en Angleterre et aux États-Unis. Il est journaliste, peintre et
écrivain, auteur d’un recueil de nouvelles ainsi que de cinq romans : Koolaids, I the Divine, Hakawati, Unnecessary Woman et, tout récemment, The Angel of History. Il partage son
temps entre San Francisco et Beyrouth (source : http://www.courrierinternational.com/article/vu-du-liban-prix-femina-rabih-alameddine-je-suis-subjugue,
31/05/2017)
Là, je suis déjà emporté. Un
artiste libanais, né en Jordanie, qui écrit en anglais, c’est tout un programme.
Cela m’intéresse. Et que raconte son seul roman traduit en français ?
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Aaliya Saleh, 72 ans, les cheveux bleus, a toujours refusé les carcans imposés par la société libanaise. À l'ombre des murs anciens de son appartement, elle s'apprête pour son rituel préféré. Chaque année, le 1er janvier, après avoir allumé deux bougies pour Walter Benjamin, cette femme irrévérencieuse et un brin obsessionnelle commence à traduire en arabe l'une des œuvres de ses romanciers préférés : Kafka, Pessoa ou Nabokov.
À la fois refuge et " plaisir aveugle ", la littérature est l'air qu'elle respire, celui qui la fait vibrer comme cet opus de Chopin qu'elle ne cesse d'écouter. C'est eentourée de livres, de cartons remplis de papiers, de feuilles volantes de ses traductions qu'Aaliya se sent vivante. Cheminant dans les rues, Aaliya se souvient ; de l'odeur de sa librairie, des conversations avec son amie Hannah, de ses lectures à la lueur de la bougie tandis que la guerre faisait rage, de la ville en feu, de l'imprévisibilité de Beyrouth.
À la fois refuge et " plaisir aveugle ", la littérature est l'air qu'elle respire, celui qui la fait vibrer comme cet opus de Chopin qu'elle ne cesse d'écouter. C'est eentourée de livres, de cartons remplis de papiers, de feuilles volantes de ses traductions qu'Aaliya se sent vivante. Cheminant dans les rues, Aaliya se souvient ; de l'odeur de sa librairie, des conversations avec son amie Hannah, de ses lectures à la lueur de la bougie tandis que la guerre faisait rage, de la ville en feu, de l'imprévisibilité de Beyrouth.
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Imaginez-vous que vous vous
coupiez de toute relation humaine, que vous restiez dans votre appartement,
sans aucun rapport avec vos voisins de palier. Imaginez que chaque nouvelle
année vous décidiez de traduire un livre, imaginez votre intérieur scindé en
deux, une partie visible aux personnes qui viennent rarement vous rendre
visite, et une autre dont les pièces sont tapissées entièrement de bouquins,
imaginez que vous condamniez une salle pour stocker toute vos traductions, car
bien entendu vous n’en parlez pas. Vous pensez sans doute qu’il s’agit d’une
vie insipide.
Ce n’est pas ce que pense
Aaliyah, le beau personnage du roman de Rabih Alameddine. Pour elle, ce choix
de vie est une véritable liberté. Elle se libère de toutes les contraintes
familiales et culturelles de son pays proche-oriental. A 72 ans, elle nous
raconte son enfance de fille libanaise, soumise au patriarcat, puis sa vie
d’adulte où tout bascule dans un Liban en guerre. Son salut, elle le trouve
dans la littérature et dans sa décision, prise après son divorce, de traduire
en arabe des romans dont elle ne connaît pas la langue d’origine, comme
l’espagnol ou le russe. Pour ce faire, elle passe par le français et l’anglais,
langues largement diffusées dans son pays. Et c’est un Liban cosmopolite qui
nous est montré, un pays où chaque famille est multilingue.
Les
vies de papier est un roman intimiste, avec quelques
longueurs, mais dont on sort ému face l’histoire d’Aaliyah, qui est aussi celle
du pays : quand les loups sont lâchés, chacun cherche un moyen de survie.
Elle, elle le trouve dans les livres. Elle a choisi une vie de papier. C’est
aussi un roman sur la traduction et la littérature. Chaque moment de vie est
ponctué d’une citation littéraire. Le lecteur attentif notera toutes les
références citées et aura une idée du nombre conséquent d’ouvrages lus par
Aaliyah.
Si vous aimez l’univers de
Jorge Luis Borges (1899- 1986) le grand romancier argentin et bibliothécaire de
formation, vous serez sensible à cette histoire.
Si l’histoire du Liban vous
émeut, vous serez sensible à cette histoire.
Les
vies de papier de Rabih Alameddine est un hymne à la
littérature, aux bibliothèques, mais surtout à la vie.
Voilà c’est fini pour
aujourd’hui. Le prochain nous irons encore plus loin, l’Iran.
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