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Titre: Le piano oriental
Auteur: Zeina Abirached
Maison d'édition: Casterman
Année d'édition: 2015
Nombre de pages: 208 pages
Prix: 22€
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Hello les Chatons ! Chose promise, chose due voici la BD tant attendue!
Liban, années 60. Abdallah Kamanja, pianiste et arrangeur de
pianos dans Beyrouth, veut trouver ce qui cloche avec cet instrument. En effet
le piano occidental ne transmet pas parfaitement la musique chère à son cœur,
celle de son pays. A force de cogitation, il trouve ! En trafiquant une
pédale, il obtient les quarts de tons propres à la musique orientale, et par un
autre mouvement de pédale, il retourne au piano occidental. Deux en un !
L’invention est toute trouvée, il n’y a plus qu’à chercher des acquéreurs. En
compagnie de son ami Victor Challita, il part à Vienne où son invention
intéresse grandement. Et c’est tout Beyrouth cosmopolite et brassant les
influences qui nous est conté. A ce récit s’entremêle celui de l’auteur et de
ses appartenances : libanaise/française, arabe/français,
orientale/occidentale, paix/guerre.
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Un roman graphique
Je tente une critique BD qui
entrecroise dessin et propos à l’instar de notre auteur qui mêle deux récits.
Avez-vous entendu l’expression « roman graphique » ? Pour ma
part, je la trouve impropre. Pour moi une BD est une BD. Sauf que pour
celle-ci, vu les réactions des autres chats du quartier, très étonnés de voir
qu’il s’agissait bien d’une BD, alors peut-être bien que je devrais réviser mon
jugement, et que le roman graphique se distingue bel et bien de la BD. Peut-on
en ressortir les caractéristiques ? Nombre de pages ? Énorme !
Histoire ? Souvent à caractère autobiographique. Dessin ? Très
recherché, voire expérimental. Disons pour faire court que l’auteur dans le
roman graphique se lâche, il n’a plus de limite de pages, il peut trouver une
forme propre au dessin.
Quand l’histoire et le dessin s’en mêlent …
L’histoire se centre sur deux idées : le piano et les
liens Orient/Occident. Graphiquement, l’auteur se base sur les couleurs des
touches du piano noir et blanc et toutes les pages seront construites sur ces 2
pôles. Le dessin de Zeina Abirached (et je vais souvent dire ce nom, car pour
moi, foi de chat, elle est un auteur important) est proche de celui de Satrapi.
Mais la comparaison s’arrête là. Satrapi a depuis longtemps arrêté la BD et si
dans ses histoires ancrées dans le réel, elle instillait des moments que l’on
va dire poétiques, Z. Abirached est toujours sur le plan poétique. Tout est
dans l’évocation, la métonymie. Par ce procédé, elle se détache de la narration
pour s’embarquer dans des virtuosités graphiques. A titre d’exemple, comment exprimer
qu’on s’habille chic, que l’on vient d’acheter des nouvelles chaussures
italiennes, pas confortables du tout, alors qu’on doit traverser tout Beyrouth
à pieds : par des pas tout autour de la planche BD ? C’est
facile ? Peut-être, mais c’est beau visuellement et très pertinent
puisqu’en un seul signe, les idées de luxe, de neuf, de commodité et de longs
parcours sont évoquées. Alors facile, vous dites ?
La force du livre
Je vous vois venir : ça raconte quoi tout ça ?
Pourquoi croiser ces deux histoires ? Le récit d'Abdallah en arrière fond
(ou en avant plan, les deux histoires ont autant d'importance l'une que l'autre
que nous ne pouvons pas déterminer l'importance de chacune) met en lumière un
Liban, proche autant de l’Orient que de l’Occident, où les relations entre
communautés étaient imbriquées, un Liban qui n’est plus, mais qui n’est pas une
construction de l’esprit. Ce pays a bel et bien existé. Cet ancêtre inventeur
du piano oriental pensait son Liban immuable, il ne pouvait pas s’imaginer que les
communautés s'entre-déchireraient à sa mort, en 1975, date du début de la guerre
civile. L’auteur évoque délicatement le conflit. Durant cette période elle
passera d’un pays à l’autre (France/Liban), d’une langue à l’autre
(français/arabe), d’une culture à l’autre (occidentale/culture orientale), et
comme pour son oncle, son apparence ne change pas, seul un coup de pédale la
fait fluctuer d'un pôle à l'autre, jusqu’à entremêler les deux : son
identité actuelle.
Enfin l’objet-livre
Beau, volumineux, l'objet se lit rapidement, ou bien si
comme moi, vous êtes touchés par ces histoires de double culture, la lecture
deviendra lente par les nombreux allers-retours que vous ferez dans les pages
et aussi parce que les planches sont construites comme des miniatures, où une
foule de détails sont à rechercher.
Alors, les Chatons ! Après le Loup en slip,
lecture mettant en garde contre les vendeurs de la peur, voici une autre
lecture de salubrité publique, en ces temps inquiets.
Je viens rarement sur ce site (malgré le
bon accueil du Chat, mais peut mieux faire, tiens !) pour ne vous
présenter que des coups de cœur. Le
piano oriental est un gros gros coup de cœur.
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Note d'un chat dans la ville: Sachez chers amis lecteurs, qu'un chat de gouttière c'est très susceptible et que celui-ci à mal pris le fait que j'ai dit un beau jour, ... Qu'il avait les pattes dégoûtantes ^^ Bah quoiiiiiii, j'pouvais pas savoir qu'il se lavait moi!
Alors envoyez-lui des poissons, des bisous pour qu'il arrête de bouder ce petit tas d'poils!
Alors envoyez-lui des poissons, des bisous pour qu'il arrête de bouder ce petit tas d'poils!
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