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Titre: La servante écarlate
Auteur: Margaret Atwood
Maison d'édition: Robert Laffont
Année d'édition: 2004
Nombre de pages: 544 pages
Prix: 11,50€
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Bonjour les ‘tits chats. La lecture du jour est assez
froussophile. Le mot n’existe pas ?! Pas grave ! Je l’invente. C’est
ça, être un chat de gouttière, on lit ce qu’on veut, on n’a aucun vocabulaire
et surtout on ne suit pas les tendances communes.
Bon revenons au livre. Froussophile, pourquoi ?
Parce que cette vidéo
Alors, n’ai-je pas raison ?
Mais avant tout, comme vous connaissez mon habitude,
faisons connaissance avec Margaret Atwood.
Margaret Atwood (1939-…., Canada)
Ecrivain
canadienne
Après
avoir préparé une licence à Toronto, Margaret Atwood obtient une maîtrise à
l'université de Radcliffe en 1962. Son premier écrit, Le Cercle Garne,
lui vaut la récompense littéraire générale du Gouverneur en 1964. En 1969,
l'écrivain canadien publie son premier roman Comestible de femme. Sa
bibliographie se compose d'une trentaine d'œuvres variées telles que des
poésies et des romans. Mais Margaret Atwood, féministe et nationaliste, est
surtout célèbre pour ses romans qui évoquent des thèmes universels en rapport
avec la société canadienne. Elle use habilement du suspense et de la
science-fiction. Son talent est sans conteste à l'origine de divers degrés
honorifiques comme l'ordre d'Ontario et l'ordre norvégien du mérite littéraire.
Editée dans de nombreux pays, Margaret Atwood reste l'un des auteurs canadiens
les plus connus au niveau international. (http://evene.lefigaro.fr/celebre/biographie/margaret-atwood-13059.php, le 10/08/2017)
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Cela se passait à Gilead, une contrée fermée où régnaient
les hommes et où les femmes étaient réduites à trois fonctions
principales : éducation, servitude, reproduction. D’abord, il y avait les
Epouses officielles, habillées de vert, à qui revenait l’éducation des enfants.
Ensuite, les Marthas, vêtues de bleu, assignées à l’entretien de la maison et à
la préparation des repas, et puis les Servantes, reconnaissables à leurs robes
rouges, destinées à la reproduction.
Pas de sentiment, pas de désir, tout est fonctionnel dans
ce Gilead austère. Ce système de société fut instauré pour contrer des
problèmes politiques, tels que les mauvaises relations avec les nations
voisines, les problèmes écologiques ou la stérilité. Quiconque à Gilead
contrecarrait aux règles était sanctionné, pendu au Mur ou envoyé au Colonies
pour nettoyer les sites pollués par le nucléaire. Tout cela nous est raconté
par une certaine Defred, car le récit que nous avons en nos mains s’appelle en
vérité Le conte de la Servante écarlate.
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Beaucoup de choses me viennent à l’esprit, à l’issue de
la lecture. Des éléments du livre font penser aux communautés hollandaises
luthériennes du XVIIe siècle par l’aspect austère des robes et par la
surveillance des femmes, et bien sûr 1984 de George Orwell, par
l’appendice à la toute fin du récit, où l’on trouve des informations
complémentaires sur Gilead.
Le personnage principal, Defred - Offerd en anglais, nous
parle d’un temps révolu où les femmes pouvaient marcher seules en rue,
travailler, avoir des amants ou non, être mariées ou non et nous explique
comment le système répressif s’est mis en place (coup d’Etat avec l’assassinat
du président, interdiction aux femmes de travailler, d’avoir un compte en
banque, puis les femmes célibataires pourchassées, et ainsi de suite).
L’évocation de son
passé est mise en parallèle avec son quotidien. Le sentiment d’étrangeté, voire
de malaise, provient que tout se passe dans un décor familier : petites
villes nord-américaines aux jardins bien entretenus, maisons communes pour les
activités locales, terrain de football, universités, etc. Tout a été détourné
de sa fonction d’origine. Ainsi l’université, où elle avait suivi ses études de
lettres, est devenue le lieu d’éducation des futures Servantes, choisies parmi
les femmes jeunes et fécondes de la société. La fonction reproductrice est
l’enjeu du récit. Gilead doit faire face à un gros problème de stérilité. Il
faut donner un enfant à chaque famille officielle. Pour ce faire, les Servantes
sont attachées à une famille. Quand elles ont mis au monde uun enfant viable (ce qui devient rare), elles vont dans
une autre maison et ainsi de suite. Jusqu’à quand sont-elles assignées à cette
tâche ? Que deviennent-elles ensuite ? Nous ne le saurons pas, la
communauté de Gilead a été installée depuis peu quand Defred commence à nous
parler, peut-être depuis dix ans.
Comment ne pas être sensible à ce récit et à cette
phrase : « Nous n’avons rien vu venir », phrase qu’elle
prononcera souvent. La conception de cette société liberticide est déjà bien
construite quand le coup d’Etat a lieu. Il n’y a plus qu’à…
Dans ce monde de peu, Defred s’intéresse à des objets de
l’époque d’antan, comme les revues féminines qu’elle méprisait alors. Mais
quelle est l’opinion de l’auteur ? Doit-on être heureux de notre monde, ne
plus émettre de critique et jouir sans entrave ? Je ne suis pas sûr,
peut-être que sa réflexion porte sur la limite à la critique sociale qui peut
basculer très clairement dans l’extrémisme. Le Bien pour tous : comment
faire pour que cela ne tourne pas en malheur de chacun ?
L’aspect le plus pertinent du récit est de ne pas en
faire un récit « profemme ». Trop souvent, nous lisons (ou regardons)
des histoires dites féministes, où l’on voit les femmes victimes, mais
héroïnes, et les hommes, bien sûr tous des salauds, sauf le compagnon de
l’héroïne, compagnon qui sauve notre héroïne grâce à sa force de mâle (car bien
sûr les femmes sont faibles). Point de cela ici.
La société est bel et bien sexiste : les hommes d’un
côté à qui revient le pouvoir, les femmes de l’autres, et qu’elles se taisent.
Mais pour que ce système social fonctionne, les idéologues ont laissé des
soupapes de sécurité. Ainsi pour que la répression puisse bien s’ancrer, il
faut instaurer des centres de libertés (les bordels privés pour les
Commandants), le marché noir (je te tiens tu me tiens par la barbichette), et
surtout l’instruction des Servantes par une caste de femmes au pouvoir absolu,
les Tantes, sans parler des jours de rédemption où les Servantes sont amenées à
tirer sur la corde pour punir celles accusées d'avoir fauté (autrement dit,
elles participent à leur pendaison), ou le lynchage d’un homme accusé de viol.
Tout le monde contribue à la bonne mise en place de la politique de Gilead,
tous ont quelque chose à cacher, connaissent le secret de l’un ou gagnent en
pouvoir.
Autre aspect perturbant est la date de la première
publication, 1987. Nous étions bien loin de penser aux Twin Towers et aux
attaques de Charlie. Et pourtant dans le roman, une des nombreuses raisons qui
ont amené à la société liberticide sont les attaques islamistes. Je ne suis pas
étonné de voir que depuis sa sortie, il y ait un regain d’intérêt pour ce roman
(voir la B.A. de la série plus haut et le trailer du film)
ATTENTION
SPOILER (me voici qui fait mon Chat, non mais !)
Que devient
Defred ? C’est une fin ouverte. Je ne supporte pas les fins ouvertes, mais
ceci est compensé par l’appendice qui est une conférence des études
gileadiennes, prononcée quelques siècles plus tard. Ainsi Gilead fut de courte
durée, des éléments sont éclaircis, mais aucune réponse n’est donnée. On suppute l’identité du Commandant
et de son Epouse, Serena Joy. Je n’en dirai pas plus, mais les loups peuvent
porter des masques d’agneau.
FIN DU SPOILER
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